Poupées russes
Le souvenir qu'on garde d'un film est souvent lié aux conditions dans lesquelles on l'a vu. J'avais un rendez-vous prévu de longue date
à 18 heures pour le boulot (oui, je travaille parfois). J'appelle mon
client vers 15 heures pour confirmer. Il me répond de... Minsk
(Biélorussie) ! Il est donc difficile de se rencontrer à 18 heures dans
la banlieue toulousaine. Colère !
Mais trois heures qui se libèrent miraculeusement dans mon agenda.
Trois
heures à prendre. Souvent je vais au cinéma quand je suis dans cet état
d'esprit. Il me faut sortir, m'évader, oublier la déconvenue. J'aime le
cinéma aussi pour cela : il permet de quitter le réel pour quelques
heures.
Donc je mate le programme de mon cinéma préféré.
17h20 :
Les poupées russes. C'est vite décidé. Un coup de fil à une amie qui
aime aussi bien la salle que sortir de chez elle de façon impromptue.
Générique de début.
Je
reconnais Romain Duris, Audrey Tautou, Wendy, Lars et les autres, à
peine vieillis depuis l'auberge espagnole. Je rappelle que je n'ai pas
la télé, et que je n'ai pas subi la piqûre promotionnelle de la veille.
Je reconnais Romain, dans la même quête. Bien meilleur que dans "de battre mon coeur s'est arrêté".
C'est
étrange comme la génération suivante (les trentenaires) ont les mêmes
préoccupations que nous : même recherche de "l'élue", mêmes doutes.
Une
belle phrase retenue dans les dialogues : la recherche de la femme
c'est comme ouvrir des poupées russes. On ne sait jamais si c'est la
dernière.
Des scènes étonnantes : Audrey Tautou racontant à son fils ses aventures sentimentales à la manière d'un conte de fées.
Les
histoires qui supportent le scénario sont un peu légères (l'écriture
d'un scénario en anglais, et la rencontre entre un machiniste et une
danseuse). Peu importe, le plaisir n'est pas là. Il est dans le rythme,
les dialogues, le romantisme. Un film parfait en quelque sorte.
Parfait au moment où je l'ai vu.
La déclaration d'amour sur le quai de la gare de Leningrad est inoubliable.
Nous retournerons le voir, pour pleurer ensemble.
Générique de fin.
- il regarde le générique de fin ?
- ben oui, c'est le moyen de sortir doucement du film.
- et ça fait chier les vieilles pressées d'aller pisser.