La crème de la crème
Résumé : le projectile
atteint TF1 pendant que l’insouciant gastronome collectionne les étoiles.
Le regard du présentateur vedette
devint hagard. Le MONT-BLANC offert par Claire bien des années auparavant et
qui lui servait autant de porte bonheur que de souffre-douleur avait reçu en
pleine poire ce qui ressemblait à une fusée miniature. Le stylographe roula sur
la table oblongue de mélèze verni d’un rose opalescent qui le faisait ressembler
au soleil couchant des Iles sous le Vent. Il tomba, éclaboussant de son encre
bleu nuit les collants chair que portait Arlette Chabot, récemment transférée
de France Télévision à TF1. La cohorte des journalistes fut prompte à déguerpir,
comme si elle avait pressentie le danger. Patrick (permet-il que je l’appelle
Patrick ?) resta seul dans la salle, comme étonné d’être le témoin unique
d’une attaque terroriste. Il s’approcha à croupetons de l’objet qui gisait
maintenant au fond du studio. Une fumée s’exhala mollement du projectile. Elle
était verte et d’une odeur que le plumitif ne connaissait pas. Il tira un
mouchoir de la poche gauche de son polo vert, se le plaqua sur le visage. Sa
moumoute roula sur sa nuque. Il lâcha le linge à carreaux pour le remettre en
place d’un geste qui semblait habituel.
Cet infime instant suffit à lui
laisser inhaler un peu de gaz qui s’était exhalé quelques instants plus tôt.
- Vous trouvez ça drôle ?
La voix furibarde de STV braillait dans les oreilles élégantes de
LaParHasard qu’il avait croisé à l’entrée de la meilleure boucherie lyonnaise.
S’il avait fait ce détour, c’est que le veau de Lyon, jeune bovin de presque un
an donnait dans la noix un des meilleurs hachés de la planète, si l’on excepte
l’Argentine, mais comme chacun sait, STV n’est pas danseur. Ce jour-là, il le
regretta amèrement, car LPH lui proposa derechef un thé dansant.
à suivre...